Tshisekedi-Fayulu : une accolade, des mots forts et un possible tournant politique

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C’est une image politique forte qui marque peut-être un tournant dans le climat tendu de la République démocratique du Congo. Le président Félix Tshisekedi a reçu ce jeudi  au Palais de la Nation l’opposant Martin Fayulu, pour une rencontre inédite depuis leur rupture avant la présidentielle contestée de 2018.

Alors que la RDC traverse une crise multidimensionnelle sociale, sécuritaire et politique cet échange intervient dans un contexte d’appel au dialogue lancé en début de semaine par Martin Fayulu. Ce dernier avait tendu la main au chef de l’État, plaidant pour une concertation nationale sous l’égide des Églises catholique et protestante, restée sans réponse officielle jusque-là.

Une rencontre hautement symbolique

C’est au cœur du Palais de la Nation, à Kinshasa siège emblématique du pouvoir exécutif que les deux hommes se sont retrouvés pour un entretien de près de deux heures. Ce même lieu avait accueilli en avril les consultations politiques initiées par la présidence, consultations que Fayulu avait alors boycottées.

Les images de leur entrevue montrent une accolade chaleureuse, bien plus engageante que la poignée de main glaciale échangée en 2023 lors de la rencontre des candidats à la présidentielle. “Je suis content de vous voir et nous allons échanger à cœur ouvert”, aurait lancé Félix Tshisekedi en guise de préambule, selon la présidence.

Un dialogue attendu sur les grandes crises du pays

Les discussions ont porté sur les grands défis qui secouent la RDC : l’insécurité persistante dans l’Est, les tensions politiques post-électorales, la précarité sociale croissante. À la sortie de l’audience, Martin Fayulu s’est montré ferme mais ouvert :

“Il n’y a pas 36 solutions. Il faut que nous dialoguions. Celui qui refuse le dialogue n’agit pas en patriote”, a-t-il déclaré devant la presse.

L’opposant a également plaidé pour que le chef de l’État s’engage dans la dynamique de médiation proposée par les confessions religieuses, tout en évoquant la possibilité d’un appui de la médiation togolaise. Selon lui, le président aurait promis de recevoir les représentants religieux à son retour de Kolwezi, où il est attendu la semaine prochaine.

Vers un déblocage politique ?

Cette rencontre pourrait-elle ouvrir la voie à une détente politique, voire à un consensus national ? Le camp Fayulu se montre prudent, mais souligne que cette main tendue vise à faire avancer le projet de dialogue inclusif initié par les Églises, face à une présidence jusqu’ici jugée réticente.

Interrogé sur les rumeurs le pressentant pour le poste de Premier ministre dans un éventuel gouvernement d’union nationale, Martin Fayulu est catégorique :

“Il n’en est pas question sans dialogue préalable.”

Si cette rencontre ne constitue pas (encore) une réconciliation politique, elle marque néanmoins un premier pas vers une reprise de dialogue dans un pays où les fractures politiques restent profondes. Reste à savoir si cette initiative se traduira par des actes concrets et un véritable processus de concertation nationale dans les semaines à venir.

Muller Mundeke

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