RDC : des révélations fracassantes de l’ancien ministre Nicolas Kazadi sur la “gestion opaque du pay par le régime Tshisekedi”

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Dans une interview accordée à la journaliste Paulette Kimuntu, l’ancien ministre des Finances, Nicolas Kazadi, a lancé de lourdes accusations contre la gestion des finances publiques sous le premier mandat du président Félix-Antoine Tshisekedi. Ce jeudi, le député national, Kazadi s’est dit préoccupé par la multiplication incontrôlée des établissements publics, sans cadre budgétaire ni stratégie de rentabilité.

53 établissements publics créés sans prévision budgétaire

« Comment expliquer que l’État ait créé 53 établissements publics en un seul mandat, sans qu’aucune prévision budgétaire ne les accompagne ? », s’est indigné Nicolas Kazadi. Selon lui, ces structures ont été mises en place en cours d’année, recrutant massivement sans cadre réglementaire ni limites claires.

Il alerte sur les conséquences financières d’une telle pratique : une pression accrue sur la masse salariale de l’État, des ressources gaspillées et un appareil administratif alourdi, sans retour tangible pour la population.

Une culture de la dépense impulsive

Plus largement, Kazadi dénonce une culture de « jouissance immédiate » au sommet de l’État. « Quand il y a de l’argent, on le partage d’abord, puis on réfléchit après. C’est exactement ce qui plombe les finances publiques. Les budgets sont détournés vers des primes, et la réflexion sur leur affectation vient trop tard », a-t-il déploré.

Il fustige aussi la fragmentation du budget de fonctionnement, souvent utilisé à des fins personnelles ou clientélistes, au détriment des investissements structurants.

Pourquoi ne pas avoir dénoncé plus tôt ?

À la question de savoir pourquoi ces dérives n’ont pas été publiquement dénoncées lorsqu’il était aux affaires, Kazadi répond par la complexité du système et les résistances internes.

« Ce n’est pas si simple. Il faut beaucoup de pédagogie et de courage. Mon erreur a été d’aller trop vite. Avec mon expérience internationale, je vois rapidement ce qui ne fonctionne pas, mais aller vite dans ce système vous fait passer pour un perturbateur, voire un sorcier », a-t-il confié.

Une instruction présidentielle tardive

Ces déclarations interviennent alors que le Président Tshisekedi, lors du Conseil des ministres du 2 mai dernier, a enfin demandé un audit des structures créées ces dernières années. L’objectif : évaluer leur rendement et leur utilité réelle au regard des ressources publiques allouées.

« Le Chef de l’État a instruit le gouvernement de procéder à l’identification des structures nouvellement créées et d’en analyser la valeur ajoutée, tant en dépenses directes qu’en ressources indirectes mobilisées », a annoncé le ministre de la Communication Patrick Muyaya.

Un budget multiplié, mais des dépenses en dérive

Kazadi a également mis en avant son bilan : un budget national passé de 4 à 16 milliards USD sous son mandat, entre avril 2021 et juin 2024. Pourtant, il admet que cette croissance budgétaire n’a pas été synonyme de discipline.

« Les rubriques se multiplient, les primes aussi. Par exemple, les dépenses mensuelles du Parlement sont passées de 5 milliards de francs congolais en 2017-2018 à près de 45 milliards en 2023 », a-t-il révélé.

Un cri d’alarme dans un contexte de crise

Ces révélations surviennent dans un climat de fortes tensions économiques et sécuritaires, marqué par l’agression rwandaise à l’Est du pays et la hausse des dépenses militaires. Lors de la 42e réunion du Conseil des ministres, le président Tshisekedi a insisté sur un meilleur contrôle du cadre macroéconomique et la nécessité de redresser les finances publiques dans l’urgence.

Radio Okapi et Actualités.cd via Habarikivu

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