Une vaste opération de bouclage a été lancée tôt ce dimanche matin dans plusieurs quartiers situés au nord de la ville de Goma et dans une partie du territoire de Nyiragongo. Cette initiative est menée par les forces du M2. Les autorités de ce mouvement la présente officiellement comme une stratégie de lutte contre la prolifération d’armes légères dans la zone et de l’insécurité grandissante.
D’après des témoins sur place, l’opération a démarré aux premières heures de la journée, ciblant notamment les axes de Ki-30, EP Byahi, le parking de Kihisi, le garage PLK, Vision 20-20, et jusqu’à l’église Mungu Samaki. L’ensemble de cette zone serait sous couvre-feu strict, imposé par les éléments armés.
« Toute cette entité est paralysée depuis l’aube. Des fouilles maison par maison sont en cours, accompagnées d’interpellations », a confié un habitant du quartier Vision 20-20, sous couvert d’anonymat.
L’opération est vivement critiquée par des organisations de défense des droits humains, qui dénoncent une dérive autoritaire et des atteintes graves aux libertés civiles.
« Un couvre-feu injustifié, sans base légale ni respect du Droit international humanitaire, est imposé à Goma (quartiers Majengo, Ngangi) et à Nyiragongo (Buhene, Espagne) », alerte Jean-Luc Mukanda, militant des droits humains basé au Nord-Kivu.
Il accuse le M23/AFC de profiter de cette opération pour procéder à des recrutements forcés parmi les jeunes, avec la complicité présumée du pouvoir rwandais. « C’est une opération de terreur : arrestations arbitraires, disparitions, tortures, pillages. Nous appelons la communauté internationale à sortir de son silence », ajoute-t-il.
Le porte-parole militaire du M23/AFC, Willy Ngoma, a justifié cette campagne sécuritaire en affirmant qu’elle a permis la saisie de plusieurs armes à feu et l’arrestation de membres présumés des groupes armés Wazalendo et FDLR. Il évoque une mission de « pacification » et de « sécurisation des populations ».
À noter que cette opération fait suite à une intervention similaire menée samedi 10 mai dans le quartier Ndosho, également marquée par des arrestations et des saisies d’armes.
Depuis plusieurs mois, la situation sécuritaire dans la ville de Goma reste extrêmement tendue marquée par des assassinats, cambriolages, pillages, enlèvements et autres.
Muller Mundeke