Depuis plusieurs jours, des opérations de bouclage sont menées dans plusieurs quartiers de la ville de Goma, dans la localité de Sake (territoire de Masisi), ainsi que dans certaines zones du territoire de Nyiragongo. Officiellement présentées comme des opérations de « recherche d’armes » visant à restaurer la paix, ces actions suscitent de vives inquiétudes.
Selon l’activiste des droits humains Jean-Luc Mukanda, ces opérations seraient en réalité marquées par de graves violations des droits fondamentaux, avec la participation présumée de militaires rwandais des Forces de défense du Rwanda (RDF) opérant aux côtés des rebelles du M23.
Dans une déclaration, Jean-Luc Mukanda alerte la communauté nationale et internationale sur la situation « alarmante » qui prévaut à l’Est de la République Démocratique du Congo. Il affirme que ces bouclages ciblent injustement les civils, au mépris des normes du droit international humanitaire.
« Le conflit armé en cours n’implique en aucun cas les populations civiles. Il est impératif de rappeler avec force : les civils ne sont pas des cibles de guerre », insiste-t-il.
L’activiste cite plusieurs quartiers concernés par ces bouclages musclés : Ndosho, Virunga, Kahembe, Bujovu, Majengo, Kasika, Mabanga-Nord, Turunga, Don Bosco Espagne, Buhene et UCNDK. Ce qui devait être une opération sécuritaire se serait transformé, selon lui, en une vaste campagne de répression.
« Arrestations arbitraires, enlèvements, pillages, intimidations et recrutements forcés sont devenus monnaie courante. Chaque couvre-feu se solde par la disparition de dizaines de jeunes, souvent contraints de rejoindre les rangs du M23 », dénonce Jean-Luc Mukanda.
Des rapports évoquent même des véhicules transportant régulièrement de jeunes recrues vers la zone de Chanzu, l’un des bastions connus du M23.
Jean-Luc Mukanda s’insurge également contre des exécutions extrajudiciaires qui seraient pratiquées par les éléments du M23, sur la base de critères qu’il qualifie d’« absurdes » :
« Être soupçonné de lien avec les FARDC, avoir les yeux rouges, être enfant ou épouse de militaire, ou encore un ex-militaire, suffit pour être ciblé. Ces pratiques barbares posent une question fondamentale : à quoi servent les principes du droit international humanitaire s’ils sont systématiquement ignorés ? »
Face à ces faits, l’activiste appelle à la mise en œuvre urgente de la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Il insiste sur la nécessité d’actions concrètes, au-delà des déclarations de principe.
« Il ne s’agit plus de simples déclarations symboliques, mais d’un besoin vital d’actions tangibles pour protéger les populations de l’Est congolais, meurtries depuis près de 35 ans », affirme-t-il. « Tant que la communauté internationale n’adoptera pas de mesures fermes, la paix restera une illusion. »
En rappel , lundi 12 mai, 283 personnes ont été arrêtées lors de ces opérations de bouclage menées à Goma (Mugunga et lac Vert), à Sake et dans la localité de Kimoka (groupement Kamuronza). D’après les responsables du M23, parmi les interpellés figurent 18 militaires des Forces armées de la RDC, 9 policiers, 34 membres des groupes d’autodéfense Wazalendo, 17 personnes soupçonnées d’appartenir aux FDLR, 15 individus présentés comme des criminels, ainsi que 181 ressortissants rwandais entrés clandestinement sur le territoire congolais.
Le porte-parole militaire de la coalition M23-AFC, le colonel Willy Ngoma, a indiqué que certains des interpellés étaient en possession d’armes à feu, de munitions et de divers équipements militaires. Il accuse les ressortissants rwandais arrêtés de ravitailler les réseaux criminels opérant dans la région.
Selon lui, toutes les armes saisies et les personnes arrêtées ont été présentées à la presse. Les suspects devraient être remis à la justice afin que les faits soient élucidés et que des sanctions soient prises en cas de culpabilité avérée.
Pour les responsables militaires du M23, cette opération vise à neutraliser les foyers d’insécurité dans les zones concernées et à rétablir la paix à Goma et dans les localités environnantes.
Muller Mundeke depuis Beni