Négociations de Luanda : réaction de Corneille Nangaa, de la présidence congolaise et de l’Angola après l’annulation de participation de l’AFC-M23

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Les négociations directes entre le gouvernement congolais et le mouvement rebelle M23, sous l’égide du président angolais João Lourenço, médiateur de l’Union Africaine, ont été perturbées par l’annonce surprise du retrait de l’AFC-M23. Cette décision, officialisée dans un communiqué rendu public le lundi 17 mars, suscite des réactions contrastées de la part des acteurs impliqués. 

Dans un document signé par son porte-parole et point focal en communication, Lawrence Kanyuka, l’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23) dénonce les sanctions internationales visant ses dirigeants ainsi que la poursuite des offensives militaires contre ses positions. 

« L’Alliance Fleuve Congo (AFC-M23) exprime ses profonds regrets de constater que certaines institutions internationales s’emploient délibérément à saboter les efforts de paix en République Démocratique du Congo et à rendre impossibles les pourparlers tant attendus. » 

Ce groupe estime que la multiplication des sanctions, notamment celles récemment adoptées à la veille des discussions de Luanda, constitue un obstacle au processus de paix. 

Corneille Nangaa, coordonnateur de l’AFC-M23, critique particulièrement l’Union Européenne et dénonce une approche biaisée. 

« En prenant unilatéralement des sanctions contre les dirigeants de l’Alliance Fleuve Congo, l’Union Européenne s’inscrit dans une dynamique d’entrave à la résolution de la crise. (…) Cette attitude, qui s’apparente à une politique de deux poids, deux mesures, place l’AFC dans l’obligation de reconsidérer sa participation aux pourparlers de Luanda et ce, jusqu’à nouvel ordre. » 

Selon lui, la présence aux négociations de représentants du régime de Kinshasa, qu’il qualifie d’« illégitime », revient à cautionner une injustice dont son mouvement se dit victime. 

En dépit de ce retrait, la République Démocratique du Congo confirme qu’elle répondra bien à l’invitation du médiateur angolais. 

« La délégation de la RDC répondra bel et bien à l’invitation du médiateur, le président Lourenço, à Luanda ce mardi », a déclaré Tina Salama, porte-parole du chef de l’État Félix Tshisekedi, dans un entretien avec l’Agence Congolaise de Presse (ACP). 

Les autorités congolaises perçoivent ce refus de participation du M23 comme une stratégie pour éviter d’assumer ses responsabilités dans le conflit qui secoue l’est du pays.  

De son côté, la présidence angolaise tente de maintenir l’élan diplomatique engagé. Dans un communiqué publié dans la soirée du lundi 17 mars, Luanda a affirmé que toutes les conditions restaient réunies pour les discussions prévues. 

« La délégation de la République Démocratique du Congo pour les négociations directes avec le M23 est déjà à Luanda. De son côté, la délégation du M23 arrivera également aujourd’hui dans la capitale angolaise. Toutes les conditions sont réunies pour le début des négociations directes demain, le 18 mars, comme prévu. » 

Cependant, cette annonce semble contredite par le retrait du M23, ce qui jette une incertitude sur la tenue effective des discussions. 

L’annulation de la participation de l’AFC-M23 aux négociations de Luanda pourrait constituer un revers dans la recherche d’une issue pacifique à la crise qui secoue l’est de la RDC. Alors que le gouvernement congolais maintient son engagement diplomatique, le blocage de la part du M23 risque de prolonger l’impasse et d’attiser davantage les tensions sur le terrain. 

L’Angola, en tant que médiateur, devra redoubler d’efforts pour ramener toutes les parties à la table des négociations. En attendant, la situation sécuritaire demeure volatile, et les populations civiles continuent de payer le prix de ce conflit qui s’éternise.

Patrick Kalume

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