C’est une décision brutale et sans précédent dans l’histoire des médias américains. L’administration Trump a ordonné, ce samedi 15 mars, la mise en congé administratif immédiat de l’ensemble du personnel de Voice of America (VOA), Radio Free Asia et d’autres médias financés par le gouvernement américain. Cette mesure, dénoncée par les défenseurs de la liberté de la presse, marque un tournant majeur dans la politique médiatique des États-Unis.
Fondé en 1942, Voice of America s’était imposé comme une référence mondiale dans la diffusion d’informations libres et indépendantes. Son rôle, notamment en période de guerre froide, avait été crucial pour contrer la propagande des régimes autoritaires. Aujourd’hui, après 83 ans d’existence, son personnel apprend par un simple courrier électronique qu’il ne pourra plus accéder à ses bureaux, ni utiliser son matériel professionnel.
« Les contribuables n’ont plus à payer pour de la propagande radicale », a justifié la Maison-Blanche dans un communiqué laconique. Une déclaration qui choque dans les milieux journalistiques et politiques, tant aux États-Unis qu’à l’étranger.
Reporters sans frontières (RSF) a vivement condamné cette décision, dénonçant une atteinte grave à l’indépendance des médias et au droit à l’information. « C’est une rupture inquiétante avec le rôle historique des États-Unis en tant que défenseurs de la liberté de la presse », a déclaré l’organisation dans un communiqué.
Le Congrès américain pourrait également être saisi de cette question. Plusieurs élus démocrates et républicains ont exprimé leur inquiétude face à ce qu’ils considèrent comme une tentative de censure et une attaque contre la diversité médiatique.
L’Agence des États-Unis pour les Médias Globaux (USAGM), qui supervise VOA et d’autres médias, joue un rôle clé dans la protection des journalistes travaillant dans des environnements hostiles. La décision de l’administration Trump met en péril les correspondants et employés de VOA détenus ou menacés dans des pays où la presse est réprimée.
Les experts en liberté de la presse redoutent également que cette décision n’encourage d’autres gouvernements autoritaires à sévir davantage contre les médias indépendants. « Si même les États-Unis commencent à fermer leurs propres médias d’État, comment pourront-ils défendre les journalistes persécutés ailleurs ? » s’interroge un analyste de la Columbia Journalism Review.
L’arrêt des activités de VOA s’inscrit dans une série de mesures drastiques prises par l’administration Trump à l’encontre de programmes financés par des fonds publics. Après avoir réduit ou supprimé certaines aides humanitaires et médicales, la Maison-Blanche s’attaque désormais aux médias.
Cette décision risque d’avoir des conséquences profondes non seulement sur l’image des États-Unis en tant que bastion de la liberté d’expression, mais aussi sur l’accès à une information indépendante pour des millions d’auditeurs et de téléspectateurs à travers le monde.
Face à cette crise, la communauté internationale, les défenseurs de la presse et les parlementaires américains sauront-ils faire pression pour restaurer Voice of America et préserver son héritage journalistique ? Le combat pour la liberté de l’information ne fait que commencer.
La rédaction