Guerre du M23 : la SADC et l’EAC annoncent de nouveaux facilitateurs pour relancer le processus de paix

Compress 20250325 183859 9264

Le processus de médiation dans la crise de l’est de la République Démocratique du Congo entre dans une nouvelle phase décisive. Lors d’un sommet virtuel tenu le 24 mars dernier, les chefs d’État de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ont pris une décision importante pour redynamiser les efforts de paix dans cette région troublée.

Ils ont ainsi annoncé l’élargissement du panel de médiateurs, avec l’ajout de trois nouvelles personnalités de haut rang, qui rejoignent les anciens présidents Olusegun Obasanjo (Nigeria) et Uhuru Kenyatta (Kenya), formant désormais un groupe de cinq facilitateurs. L’objectif affiché est clair : revitaliser un processus de paix encore fragile dans l’est du pays.

Cette évolution découle de la volonté de renforcer la confiance entre les parties prenantes et d’apporter un équilibre régional plus représentatif au sein du panel. Lors de la constitution initiale des médiateurs, l’ancien Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn avait été désigné, mais sa proximité présumée avec le Rwanda avait suscité des réserves de la part de la délégation congolaise. Pour apaiser ces tensions et garantir une neutralité perçue, Desalegn a été remplacé par Sahle-Work Zewde, ancienne présidente de l’Éthiopie et figure respectée de la diplomatie internationale.

Le besoin de diversifier la représentation géographique a également conduit à l’intégration de nouveaux facilitateurs. Jusqu’à présent, l’Afrique australe était relativement sous-représentée dans la médiation, mais cela a été rectifié avec la nomination de Kgalema Motlanthe, ancien président de l’Afrique du Sud. En outre, l’Afrique centrale fait son entrée dans le processus avec la désignation de Catherine Samba-Panza, ancienne présidente de la République Centrafricaine, apportant ainsi une nouvelle perspective à la table des négociations.

Un autre aspect fondamental de cette révision du panel est l’augmentation de la représentation féminine et la diversité linguistique. En effet, la présence de deux femmes parmi les cinq facilitateurs  Sahle-Work Zewde et Catherine Samba-Panza répond à une critique formulée à l’égard de la précédente composition, qui était exclusivement masculine.

De plus, cette nouvelle équipe reflète une plus grande diversité linguistique, avec l’ajout de voix francophones aux côtés des anglophones, ce qui contribue à équilibrer davantage la représentation régionale.

Le panel de médiateurs est désormais appelé à entrer en action de manière rapide et décisive. Une feuille de route détaillée, validée par les chefs d’État de la SADC et de l’EAC, sera mise en œuvre dans les 30 prochains jours. Parmi les actions prioritaires, la mise en place d’un engagement politique clair entre les différentes parties est essentielle pour relancer un dialogue direct et constructif. En parallèle, le panel s’engagera dans la mise en œuvre de mesures militaires visant à prévenir une nouvelle escalade de la violence.

Une attention particulière sera également portée à la création d’un mécanisme de vérification indépendant. Celui-ci sera chargé de surveiller de près le respect du cessez-le-feu et d’assurer la transparence dans l’application des accords. Cette feuille de route, ainsi que les résolutions issues du sommet, seront ensuite transmises au Conseil de sécurité de l’ONU.

Dans les jours à venir, les présidents en exercice de la SADC, Emmerson Mnangagwa, et de l’EAC, William Ruto, organiseront une réunion avec les cinq facilitateurs pour lancer officiellement cette nouvelle phase du processus de paix. Ce sera l’occasion de détailler les actions concrètes à mener et d’établir une coordination étroite avec les différents acteurs régionaux et internationaux impliqués.

En somme, avec la composition élargie et rééquilibrée du panel de médiateurs, l’espoir d’une résolution pacifique du conflit à l’est de la RDC semble renaître. Toutefois, le chemin reste semé d’embûches et il sera crucial de maintenir une pression diplomatique constante pour garantir la mise en œuvre effective des engagements pris.

La rédaction

Related Post

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *