Ce 24 mars 2025, l’Alliance des Forces Congolaises pour la Révolution (AFC-M23) a annoncé la fin d’un programme de formation destiné à près de 9.000 recrues locales, désormais devenues des cadres de ce groupe armé actif dans les régions du Nord et du Sud-Kivu.
Ce programme, qui s’inscrit dans une logique de consolidation du pouvoir et de gestion des territoires sous son contrôle, marque une étape importante dans l’ancrage de l’AFC-M23 dans l’est de la République Démocratique du Congo.
Lors d’une déclaration officielle, Adam Chalwe, cadre et membre fondateur de l’AFC-M23, a précisé que ces nouveaux cadres formés seront affectés à des rôles clés au sein de l’administration mise en place par le groupe dans les zones qu’il contrôle. “Ces cadres recyclés vont travailler dans l’administration mise en place dans les zones sous contrôle de ce groupe”, a-t-il déclaré, mettant en lumière l’ambition de l’AFC-M23 de maintenir une gouvernance efficace et stable dans ses fiefs, où la situation sécuritaire reste volatile.
Cette annonce fait écho à une tendance inquiétante dans la région : l’institutionnalisation progressive des groupes armés, qui ne se contentent plus seulement de contrôler militairement les territoires, mais cherchent aussi à exercer un contrôle administratif.
Si l’AFC-M23 affirme que cette initiative vise à instaurer une “gouvernance locale” et à répondre aux besoins de la population, elle soulève cependant des interrogations sur l’impact de cette militarisation de l’administration sur la population civile et sur la stabilité régionale.
En outre, cette déclaration renforce la perception selon laquelle l’AFC-M23 est loin d’être une organisation provisoire. Sa présence prolongée dans le Nord et le Sud-Kivu semble de plus en plus être perçue comme un fait accompli, alimentant les craintes d’une prolongation indéfinie du conflit dans ces zones déjà éprouvées par des années de violences.
Les répercussions de cette annonce sont nombreuses. La formation de cadres locaux renforce non seulement l’appareil administratif de l’AFC-M23, mais elle constitue aussi une tentative de légitimation de son pouvoir aux yeux des habitants des zones sous son contrôle. De plus, en s’installant dans la durée, l’AFC-M23 semble chercher à échapper à la pression internationale, notamment des Nations Unies et des acteurs régionaux, qui appellent depuis longtemps au retrait des groupes armés du Kivu.
En somme, l’annonce de ce programme de formation est un signal clair que l’AFC-M23, après des années de présence dans l’Est de la RDC, semble s’être enracinée dans cette région, avec des ambitions de long terme. Les prochains mois s’annoncent cruciaux pour la stabilité de la région, qui pourrait se voir confrontée à une nouvelle configuration du pouvoir, dominée par des groupes armés organisés et profondément enracinés.
Patrick Kalume
Guerre de l’AFC-M23 : près de 9000 cadres recrutés au Nord et Sud-Kivu clôturent la session de lavage de cerveau à Rumangabo
