Guerre dans l’Est : voici ce qu’il faut savoir sur le retrait prochain de la force de la SADC en RDC

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La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a officiellement annoncé, jeudi 13 mars, la fin du mandat de sa mission militaire en République démocratique du Congo (RDC). Cette décision, prise lors d’un sommet extraordinaire de l’organisation, marque un tournant majeur dans le conflit qui ravage l’est du pays. 

Un retrait progressif après un échec stratégique 

Selon le communiqué final de la SADC, le sommet a mis fin au mandat de la Mission de la SADC en RDC (SAMIDRC) et ordonné le début d’un retrait progressif des troupes. Cette annonce intervient alors que l’Angola prépare des négociations entre les différentes parties prenantes au conflit, laissant présager un changement d’approche diplomatique dans la gestion de la crise sécuritaire. 

Les signes avant-coureurs de ce retrait s’étaient déjà multipliés ces dernières semaines. Dès le 6 mars 2025, une réunion en visioconférence de la Troïka de la SADC avec les pays contributeurs à la mission avait évoqué la possibilité de ce départ. Depuis fin février, des préparatifs de désengagement avaient discrètement débuté, selon une source consultée par Jeune Afrique. 

Une mission impopulaire et un lourd bilan humain 

Parmi les 16 pays membres de la SADC, c’est l’Afrique du Sud qui fournissait le plus gros contingent militaire, avec environ 2 900 soldats engagés. Mais la mission est devenue de plus en plus impopulaire, notamment après la mort de 14 soldats sud-africains lors des combats à Goma, sur un total de 18 pertes enregistrées au sein de la SAMIDRC. Cette situation a renforcé les pressions politiques en Afrique du Sud, où plusieurs partis d’opposition réclamaient depuis plusieurs mois le retrait des troupes, dénonçant une mission mal préparée et coûteuse. 

Une détérioration sécuritaire qui précipite la décision 

L’échec de la SAMIDRC est acté dans un contexte de dégradation continue de la situation sécuritaire. Selon le communiqué final du sommet de la SADC, cette décision intervient alors que l’est de la RDC connaît une intensification des combats, marquée par la prise de Goma et Bukavu par des groupes armés, ainsi que le blocage des principales routes d’approvisionnement. 

Ce retrait risque de laisser un vide sécuritaire dans les zones où la SAMIDRC était déployée. Le gouvernement congolais se retrouve désormais face à un défi de taille : revoir sa stratégie militaire et diplomatique pour faire face à l’avancée des forces rebelles et garantir la protection des populations civiles. 

Vers une nouvelle approche régionale ? 

Alors que la SADC met fin à sa mission, les regards se tournent désormais vers l’Angola, qui a annoncé des pourparlers entre les acteurs du conflit. Ce retrait pourrait ainsi marquer le début d’un repositionnement stratégique des pays d’Afrique australe vis-à-vis de la crise congolaise, privilégiant la diplomatie à l’option militaire. 

Reste à savoir si ces discussions permettront d’inverser la spirale de violence ou si le départ de la SADC ouvrira un nouveau chapitre d’incertitudes pour l’est de la RDC.

Patrick Kalume

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