Le lieutenant-général Johnny Luboya N’Kashama, gouverneur militaire de l’Ituri, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Lors d’une déclaration publique vendredi dernier, il a dénoncé la situation dramatique des veuves de militaires tombés au front, qui ne perçoivent plus leurs pensions depuis plusieurs mois.
Selon lui, beaucoup de choses ne fonctionnent pas. Et aujourd’hui, c’est une nouvelle crise : les veuves de soldats morts pour la patrie ne sont plus payées.
Un problème ancien, toujours sans solution
Le général Luboya affirme avoir signalé à plusieurs reprises les dysfonctionnements dans les effectifs militaires et les conditions de prise en charge des familles des soldats, notamment dans des rapports transmis à la présidence bien avant la chute de Goma.
Il explique que certains régiments comptaient à peine 300 hommes au lieu des 1 500 prévus. Malgré les alertes lancées, aucune mesure concrète n’a suivi. Aujourd’hui, ce sont les familles des militaires tombés qui paient le prix d’un système administratif paralysé.
Un impact direct sur le moral des troupes
Alors que les FARDC mènent des combats acharnés contre la CRP de Thomas Lubanga, alliée aux rebelles du M23, le gouverneur s’inquiète des répercussions de cette négligence sur la motivation des soldats.
Il se demande : un militaire qui apprend que les veuves de ses camarades ne sont pas payées, pourquoi devrait-il se sacrifier ? S’il meurt, sa famille sera abandonnée, elle aussi. Ce sentiment d’abandon est un poison pour le moral des troupes.
Des fonds augmentés, mais des blocages persistants
Face aux critiques sur une éventuelle mauvaise gestion des ressources, le lieutenant-général précise que son rôle est purement opérationnel. Il indique que les budgets pour l’alimentation des troupes ont été multipliés par quatre, mais que d’autres maillons de la chaîne ne remplissent pas leur mission.
Il déplore que ceux qui étaient censés résoudre ce problème n’ont jamais été mis en cause, tandis que les veuves attendent toujours.
Un appel à la rigueur et à la réforme
Alors que l’Ituri reste sous état de siège depuis mai 2021, Johnny Luboya appelle à un audit rigoureux des effectifs et à une réforme urgente de la gestion des pensions militaires.
Il estime qu’il est temps d’avoir une gouvernance militaire à la hauteur du sacrifice des soldats.
Muller Mundeke
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