Guerre dans l’Est : Museveni tacle Tshisekedi et propose une voie de sortie de crise

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Le président ougandais prend la tête du Mécanisme de suivi de l’accord-cadre pour la paix dans la région des Grands Lacs et appelle à une prise de responsabilité régionale face aux crises récurrentes en RDC.

En prenant la présidence tournante du Mécanisme de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération dans la région des Grands Lacs, le président ougandais Yoweri Museveni a lancé un appel fort : face à la persistance des conflits en République démocratique du Congo (RDC), les pays de la région doivent reprendre la main sur les processus de paix, sans dépendre d’interventions extérieures.

Succédant pour un mandat de deux ans au président burundais Évariste Ndayishimiye, Museveni a profité de la cérémonie de passation pour exposer sa vision de la crise congolaise, en s’appuyant sur une lecture historique et stratégique des événements qui ont marqué la RDC depuis son indépendance.

Critique envers la tendance, selon lui, des dirigeants congolais à solliciter l’appui de puissances étrangères, Museveni a fustigé ce qu’il qualifie de « dépendance chronique ». Une critique à peine voilée à l’endroit du président Félix Tshisekedi, dont les appels récurrents à la communauté internationale suscitent parfois des tensions diplomatiques dans la sous-région.

« Depuis l’indépendance, le Congo a connu des crises profondes dès l’élection de Lumumba, qui, seul avec son parti nationaliste, faisait face à une mosaïque de partis régionaux », a rappelé Museveni. Il a évoqué les rébellions successives, les tensions post-indépendance, les ingérences et les choix politiques qu’il juge contre-productifs, notamment sous Mobutu Sese Seko, qu’il accuse d’avoir compté sur les armées française et marocaine plutôt que sur des solutions endogènes.

Le président ougandais a livré un constat sans détour : « Tant que j’ai un soutien extérieur, je ne me soucie pas des questions internes ». Une logique qu’il estime dangereuse, et qui, selon lui, a nourri l’instabilité au fil des décennies. Il cite également l’exemple du Rwanda, où Juvenal Habyarimana aurait, selon lui, précipité sa chute en refusant de réintégrer les réfugiés tutsis.

Museveni rappelle également l’inaction de Mobutu face aux FDLR, malgré les appels des pays voisins à désarmer ce groupe armé à l’origine de nombreuses violences dans l’Est de la RDC.

Fort de son expérience à la tête de l’Ouganda depuis 1986, Museveni plaide pour une approche régionale fondée sur la connaissance du terrain et la solidarité entre États voisins. « Nous ne sommes pas des nouveaux venus dans cette région. Nous connaissons le Rwanda, le Burundi, l’est du Congo, la Tanzanie, le Kenya… mieux que quiconque », a-t-il déclaré.

Pour lui, la clé réside dans une réelle volonté politique des dirigeants locaux et une réduction significative des influences étrangères : « Ce sont eux, imprudemment, qui encouragent les fauteurs de troubles », a-t-il dénoncé.

La prise de parole de Museveni sonne comme un avertissement : sans changement de cap, les efforts de paix risquent de rester vains. En assumant la direction du Mécanisme de suivi, il ambitionne de raviver l’esprit de l’accord-cadre signé à Addis-Abeba en 2013, censé favoriser une paix durable dans la région.

Reste à savoir si les autres leaders régionaux, notamment ceux de la RDC et du Rwanda, répondront à cet appel à une coopération sans interférence, dans un contexte marqué par une recrudescence des tensions dans le Nord-Kivu et l’activisme accru de groupes armés.

Ilunga Mubidi Oscar

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