Une scène d’une brutalité extrême a secoué la ville de Bukavu dans la nuit du mardi 6 mai. Patrick Ngalamulume, arbitre fédéral bien connu dans le milieu sportif local, a été lynché puis brûlé vif par une foule en furie dans l’avenue Irambo, quartier Ndendere, commune d’Ibanda. Il était accusé de vol.
Selon plusieurs témoins, aucun élément tangible n’a été présenté pour étayer les accusations portées contre la victime. Pourtant, la rumeur a suffi à déchaîner la colère populaire. En quelques instants, la justice s’est faite dans la rue, sans enquête, sans procès.
Une ville à bout de nerfs
Le drame intervient dans un contexte d’insécurité grandissante à Bukavu. Vols à main armée, cambriolages et agressions nocturnes se multiplient, et la population, de plus en plus méfiante envers une justice jugée lente ou absente, se tourne vers des pratiques expéditives.
« Nous vivons dans une insécurité permanente. Quand les autorités ne réagissent pas, les gens perdent patience », confie un habitant d’Irambo, encore sous le choc. La fermeture prolongée des prisons, conséquence directe de la crise sécuritaire dans l’Est du pays, a également contribué à cette montée de la violence.
Une justice parallèle et meurtrière
Ce nouveau cas tragique met en lumière une pratique aussi illégale que persistante : la justice populaire. Dans plusieurs quartiers de Bukavu, elle s’installe comme un dernier recours pour des citoyens en quête de sécurité. Mais cette “justice” n’a souvent rien de juste : elle se fonde sur des soupçons, des rumeurs, parfois des erreurs tragiques — et laisse derrière elle des familles endeuillées.
Patrick Ngalamulume, affecté à l’Entente Urbaine de Football de Bukavu, était une figure du sport local. Son lynchage a provoqué une onde de choc dans les milieux sportifs et bien au-delà. Des voix s’élèvent déjà au sein de la société civile pour condamner cet acte et exiger l’ouverture immédiate d’une enquête.
Silence officiel, colère populaire
Jusqu’à présent, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des autorités provinciales. Ce silence suscite l’indignation d’une partie de la population, qui réclame des sanctions exemplaires contre les auteurs de cet acte barbare.
Bukavu pleure aujourd’hui un arbitre, mais au-delà du drame individuel, c’est toute une société qui s’interroge : combien d’innocents devront encore périr avant que l’État n’assure véritablement sa mission de protection ? Jusqu’où ira l’impunité ? Et qui protégera les innocents de la colère aveugle des foules ?
Patrick Kalume
Drame à Bukavu : un arbitre accusé de vol par erreur, brûlé vif dans une justice populaire
