Les pourparlers de paix tant attendus entre le gouvernement congolais et les rebelles du M23, initialement prévus ce mercredi 9 avril 2025 à Doha, ont été reportés sine die. L’information, révélée par l’agence Reuters, provient de sources proches des deux camps. À ce jour, aucune nouvelle date n’a été communiquée.
Ces négociations étaient censées marquer une avancée majeure : un premier dialogue direct entre Kinshasa et le M23 depuis la prise de contrôle, par les rebelles, de deux importantes villes de l’est de la République démocratique du Congo. Un tournant dans une crise sécuritaire qui ne cesse de s’enliser.
Officiellement, le report serait lié à des problèmes logistiques. « C’est simplement une question d’organisation », a tenté de minimiser un haut responsable congolais. Pourtant, selon plusieurs sources, aucune invitation formelle n’avait été transmise aux délégations concernées à la date de lundi.
Derrière ce flou, certains observateurs évoquent des tensions persistantes en coulisses, et une volonté des deux parties de temporiser. « Il y a encore des désaccords sur les modalités de la rencontre et sur les engagements préalables attendus de part et d’autre », confie une source diplomatique ayant suivi les discussions au Qatar.
Le Qatar, qui s’impose de plus en plus comme médiateur discret dans les crises africaines, avait récemment réussi à faire asseoir autour d’une même table les présidents Félix Tshisekedi (RDC) et Paul Kagame (Rwanda). Une rencontre surprise qui avait permis un appel commun à la désescalade.
Dans la foulée, une réunion informelle et non annoncée aurait eu lieu à Doha entre des émissaires congolais et des représentants du M23 la semaine dernière. Cette rencontre, qualifiée de « discrète mais décisive » par une source bien informée, aurait ouvert la voie à de nouveaux gestes de bonne foi. Notamment, le retrait des rebelles de la cité minière stratégique de Walikale, un repli encouragé aussi par les pressions de Washington, soucieuse de stabiliser une zone riche en minerais.
Le président Tshisekedi reste toutefois inflexible sur un point : il continue de considérer le M23 comme une marionnette du régime rwandais, refusant de lui accorder une légitimité politique. Ce positionnement rend toute négociation directe politiquement sensible à Kinshasa.
Le M23, de son côté, exige depuis longtemps un dialogue ouvert avec le gouvernement congolais, arguant qu’il représente les intérêts de populations marginalisées de l’est du pays.
Le report des négociations à Doha révèle donc, au-delà des apparences, la complexité d’un conflit où les lignes diplomatiques sont aussi mouvantes que les fronts militaires. En attendant, la situation humanitaire dans l’est de la RDC continue de se dégrader, et les populations civiles restent les premières victimes de ce bras de fer régional.
Patrick Kalume
Crise en RDC : voici ce qui seraient les causes du report des pourparlers entre M23 et Kinshasa au Qatar
