Un vent d’espoir souffle sur le territoire de Kalehe, longtemps enclavé. Depuis ce dimanche, le mouvement armé AFC-M23, qui contrôle actuellement une partie du Sud-Kivu, a officiellement lancé les travaux de réhabilitation de la route Bukavu–Goma, précisément sur le tronçon reliant le site appelé “chez les Français” au centre de Nyabibwe.
Des sources locales indiquent qu’un premier contingent d’engins de chantier – trois machines au total a déjà été déployé sur place. Trois autres engins sont attendus dans les prochains jours pour renforcer le chantier. Objectif : restaurer la circulation sur cet axe vital pour la région, qui traverse plusieurs localités clés, notamment Kalungu, Mukwidja, Makengere et Nyamukubi.
La route Bukavu–Goma, en particulier le segment concerné, représente un corridor crucial pour la mobilité des personnes, des marchandises et des services entre les provinces du Nord et du Sud-Kivu. Sa réhabilitation pourrait désenclaver plusieurs agglomérations et relancer les échanges économiques, actuellement paralysés par l’état de délabrement avancé de l’infrastructure.
Les travaux s’étendront également sur l’axe Minova–Nyabibwe jusqu’à Ihusi, toujours dans le territoire de Kalehe selon les autorités de cette rébellion. Bien que le budget global du projet ne soit pas encore communiqué, les premières estimations évoquent une durée maximale de deux mois pour finaliser ce tronçon prioritaire
Cette initiative soulève de nombreuses interrogations dans le contexte d’un conflit armé toujours actif dans l’Est de la RDC. Officiellement, le projet est présenté comme une réponse aux besoins pressants des populations locales. Cependant, des observateurs y voient aussi une tentative du mouvement AFC-M23 de renforcer son ancrage local et sa légitimité auprès des communautés, en se substituant à l’État dans les missions de service public.
Il est important de rappeler que cette route avait déjà fait l’objet d’un financement de la Banque africaine de développement (BAD), destiné à sa modernisation. Pourtant, les travaux n’avaient jamais démarré, pour des raisons jamais clarifiées officiellement.
Pour les habitants de Kalehe, cette réhabilitation suscite autant d’espoir que de prudence. Si le projet aboutit, il pourrait ouvrir la voie à une relance socio-économique durable dans cette zone meurtrie par des années d’abandon et d’insécurité chronique.
Reste à savoir si cette entreprise tiendra ses promesses, dans un climat marqué par l’incertitude politique et les tensions persistantes entre les forces en présence.
Muller Mundeke
Habari Kivu