Crise en RDC : Kinshasa  interdit toute information sur le séjour de Joseph Kabila à Goma, l’AFC-M23 réagit

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Kinshasa, 3 juin 2025 – Le Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC) a frappé fort. Christian Bosembe, son président, a annoncé mardi une interdiction formelle faite aux médias congolais de diffuser ou commenter toute actualité liée à l’ancien président Joseph Kabila ou à son parti, le PPRD. Une mesure exceptionnelle, prise alors que l’ex-chef de l’État est en séjour à Goma, dans l’Est en proie aux conflits armés.

« À partir d’aujourd’hui, il est interdit aux journalistes et aux responsables des médias de diffuser, commenter ou relater les actualités liées au PPRD, ou de recevoir ses dirigeants. Il est également interdit de relayer les propos ou interviews de l’ancien président Joseph Kabila », a déclaré Christian Bosembe sur les ondes de Top Congo FM, ajoutant qu’aucun droit n’a été violé et que la télévision ne doit pas devenir une tribune de subversion.

Cette déclaration, qualifiée de grande décision, intervient dans un climat politique tendu, marqué par le retour médiatique de Joseph Kabila. Lors d’un récent discours à Goma, l’ancien président a critiqué vertement la gouvernance actuelle, appelant à un pacte citoyen pour restaurer la stabilité et la démocratie en RDC.

Le gouvernement minimise, l’opposition s’agite

Pour le ministre de la Communication, Patrick Muyaya, l’ancien président n’est plus une voix crédible sur la scène politique nationale.

« Joseph Kabila appartient désormais au passé. Les Congolais ont exprimé clairement ce qu’ils pensent de ses récentes déclarations. Il n’a rien de pertinent à proposer pour l’avenir », a-t-il affirmé, tout en soulignant que le gouvernement reste concentré sur les défis actuels, notamment la situation sécuritaire à l’Est et l’adoption d’un collectif budgétaire.

Mais cette posture gouvernementale ne fait pas l’unanimité.

L’AFC-M23 monte au créneau

La rébellion de l’AFC-M23, dont le gouvernement accuse Kabila d’être proche, n’a pas tardé à réagir. Dans une déclaration, Lawrence Kanyuka, chargé de communication du mouvement, a dénoncé une dérive autoritaire :

« Cette mesure ne concerne en rien les médias situés dans les zones libérées. Elle marque un recul inquiétant de la liberté de la presse en RDC. »

Une interdiction au parfum de règlement de comptes

Cette décision controversée survient quelques jours après la levée des immunités parlementaires de Joseph Kabila par le Sénat, une première dans l’histoire politique du pays. Cette levée fait suite à un réquisitoire de l’auditeur général des FARDC auprès de la Haute Cour militaire, visant à engager des poursuites contre l’ex-président pour sa présumée complicité avec la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda.

Alors que certains y voient une volonté de faire respecter la loi, d’autres dénoncent un acharnement politique et une tentative d’écarter définitivement Joseph Kabila du jeu politique congolais.

Muller Mundeke

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