Alors que Kinshasa et Kigali doivent signer ce vendredi 27 juin à Washington un accord de paix parrainé par les États-Unis, des révélations du côté rwandais viennent jeter une lumière crue sur le contenu réel du document, suscitant déjà interrogations et controverses.
Selon le ministre rwandais des Affaires étrangères, qui devrait représenter Kigali à la cérémonie de signature, certaines informations relayées ces derniers jours sont trompeuses et sorties de leur contexte. Contrairement à ce qu’ont laissé entendre plusieurs médias et responsables congolais, le projet d’accord n’exige nullement un retrait explicite des troupes rwandaises.
« Dans l’accord qui sera signé ce vendredi à Washington, on ne trouve nulle part les expressions telles que “Forces de défense rwandaises”, “troupes rwandaises” ou encore “retrait”. Ces termes n’apparaissent pas du tout dans le texte final », a précisé le chef de la diplomatie rwandaise lors d’un point de presse tenu ce mercredi à Kigali.
Le gouvernement rwandais se dit par ailleurs profondément irrité par la fuite dans les médias de certains extraits du projet d’accord, qui, selon lui, violerait la clause de confidentialité exigée par les parties impliquées, notamment les États-Unis, facilitateurs du processus.
« Le respect de la confidentialité de l’accord final est une exigence primordiale. Toute divulgation prématurée fragilise le processus de confiance engagé », a mis en garde un haut responsable du ministère rwandais des Affaires étrangères.
Côté congolais, plusieurs voix se sont élevées ces dernières semaines pour réclamer un retrait clair et immédiat de toute forme d’appui rwandais au M23, condition vue comme essentielle à tout accord crédible. Mais l’absence de ce point dans le texte final pourrait bien provoquer des remous au sein de l’opinion publique en RDC, où l’accord est déjà perçu par certains comme un compromis flou.
Ce dialogue discret, facilité par Washington avec le soutien du Qatar, fait partie d’un double processus diplomatique : d’un côté, les discussions bilatérales entre la RDC et le Rwanda aux États-Unis ; de l’autre, les pourparlers tenus en parallèle à Doha entre Kinshasa et les rebelles du M23 lesquels, pour l’instant, n’ont pas abouti à des avancées majeures.
La signature de cet accord interviendra dans un contexte de forte pression internationale, mais aussi de scepticisme dans la région des Grands Lacs. Beaucoup d’observateurs craignent que l’absence de termes clairs sur la démilitarisation ou le désengagement des forces étrangères n’en fasse un accord de principe sans effets concrets sur le terrain.
Pour l’heure, aucune déclaration officielle du côté congolais n’a été rendue publique concernant ces révélations rwandaises. Mais une source diplomatique congolaise ayant requis l’anonymat affirme que Kinshasa compte publier un communiqué juste après la signature, pour clarifier sa lecture de l’accord.
Muller Mundeke