Une scène inhabituelle a attiré l’attention des habitants de Goma mercredi soir : une dizaine de bus aux plaques rwandaises, appartenant à la société publique de transport RITCO, ont été aperçus circulant à vide dans les rues de la ville.
Ce jeudi matin, le mystère s’est levé : ces véhicules sont venus rapatrier les troupes de la mission de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), en cours de retrait progressif de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans un communiqué officiel publié ce 12 juin, la SADC a confirmé que ces mouvements s’inscrivent dans la deuxième phase du désengagement de la Mission de Soutien de la SADC en RDC (SAMIDRC), dont le retrait a débuté le 29 avril 2025.
Cette opération répond aux décisions adoptées lors du Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de gouvernement de la SADC, tenu le 13 mars dernier.

Selon la SADC, cette phase actuelle concerne le départ des troupes stationnées à Goma et Sake, ainsi que le rapatriement de leurs équipements et effets personnels. Le contingent tanzanien sera évacué par voie terrestre jusqu’en Tanzanie avant de regagner Dar es Salaam. Quant aux contingents sud-africain et malawien, ils seront transférés par voie aérienne vers leurs pays d’origine.
Ce retrait progressif est mené de manière structurée afin de garantir la sécurité du personnel de la mission et d’éviter tout vide sécuritaire dans les zones sensibles de l’Est congolais, particulièrement affectées par l’insécurité persistante.
Si la mission de la SAMIDRC touche à sa fin, la SADC réaffirme néanmoins son engagement indéfectible pour la paix, la sécurité et la stabilité en RDC, ainsi que dans toute la région des Grands Lacs.
L’organisation régionale promet de continuer à soutenir le pays par d’autres moyens diplomatiques, politiques et stratégiques, en étroite collaboration avec les autorités congolaises et les partenaires internationaux.
La présence des bus rwandais dans cette opération logistique n’a pas manqué de faire réagir une population locale encore marquée par les tensions entre Kinshasa et Kigali. Si cette collaboration logistique semble avoir été coordonnée à des fins strictement techniques, elle illustre la complexité des relations régionales, sur fond d’un conflit à l’Est du pays où plusieurs groupes armés continuent de semer l’instabilité.
Le retrait sans accroc de la SAMIDRC est perçu comme un test pour la capacité de la RDC à prendre seule en charge sa sécurité, dans un contexte encore volatile.
Patrick Kalume