Alors que le conclave s’ouvre le 7 mai pour désigner le successeur du pape François, décédé le 21 avril, une partie de la presse italienne s’agite autour d’un soupçon : le président français Emmanuel Macron chercherait à peser sur l’élection du prochain pontife. Une accusation que relaient plusieurs journaux conservateurs transalpins, pointant du doigt ses liens étroits avec le mouvement catholique Sant’Egidio.
« Macron veut même choisir le pape », titrait à la une La Verità le 29 avril. Le journal Libero renchérissait avec un ton tout aussi ironique : « Macron s’incruste même dans le conclave ». Quant au quotidien romain Il Tempo, il dénonçait un « interventionnisme digne d’un Roi-Soleil moderne », accusant le président français de franchir les lignes rouges de la laïcité républicaine.
Derrière ces manchettes, une inquiétude : celle d’un président français soupçonné d’instrumentaliser ses relations avec la communauté Sant’Egidio influente dans les milieux ecclésiastiques italiens pour faire avancer des candidatures proches de sa vision politique et sociale.
Fondée en 1968 à Rome, Sant’Egidio se veut une force de dialogue et de diplomatie informelle, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. Elle fut également proche du pape François, partageant avec lui un souci des périphéries, de la paix, et des plus pauvres. Emmanuel Macron, qui avait rencontré à plusieurs reprises ses responsables — notamment Andrea Riccardi, son fondateur est perçu comme un allié idéologique de ce courant.
C’est cette proximité qui alimente les soupçons de la droite italienne, particulièrement méfiante à l’égard des ingérences étrangères dans un moment aussi crucial pour l’Église catholique. Le conclave, pourtant scellé par le secret et la prière, n’échappe pas aux rivalités d’influence, où se croisent logiques théologiques, luttes d’appareil, et équilibres géopolitiques.
L’ombre d’une stratégie française visant à favoriser un « pape progressiste » — ou du moins compatible avec la vision humaniste et multilatéraliste défendue par l’Élysée fait donc surface dans certains médias italiens. Mais ces accusations demeurent à ce jour sans preuves tangibles. Ni le Vatican, ni Sant’Egidio, ni l’Élysée n’ont officiellement réagi à ces insinuations.
En attendant le début du conclave, la spéculation continue d’enfler à Rome, révélant autant les tensions internes à l’Église que les projections extérieures dont elle reste l’objet.
Avec le journal le Monde
Catholique : Emmanuel Macro soupçonné d’influencer dans le choix du prochain pape
