Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), a fait son retour sur le sol congolais ce vendredi, amorçant sa réapparition publique à Goma, dans l’Est en proie à une instabilité chronique.
Bien que ses proches n’aient pas encore communiqué officiellement sur cette visite, sa présence intervient à un moment de vives tensions politiques et sécuritaires dans le pays.
Début avril, Kabila avait annoncé son intention de rentrer au pays afin, selon ses propres mots, de contribuer à une sortie de crise dans l’Est, en particulier face à l’offensive persistante du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda. Une déclaration qui n’a pas manqué de faire réagir, alors que les relations entre Kabila et le président actuel, Félix Tshisekedi, restent profondément conflictuelles.
Le président Tshisekedi accuse en effet régulièrement son prédécesseur d’avoir des liens troubles avec le M23 – des accusations que Kabila rejette fermement. En parallèle, ce dernier aurait entamé des échanges avec plusieurs figures de l’opposition et des représentants de la société civile, dénonçant une gestion chaotique et inefficace de la crise par le pouvoir en place.
Depuis sa sortie du pouvoir en 2019, Joseph Kabila s’était retiré de la scène politique, se consacrant à des études en relations internationales à l’étranger. Son retour suscite donc d’importantes spéculations : ambitionne-t-il de redevenir une figure centrale de la vie politique congolaise, à l’approche des prochaines échéances électorales ?
Officiellement, sa démarche s’inscrit dans une volonté de “réconciliation nationale” et de “soutien au processus de paix”. Officieusement, nombreux sont ceux qui y voient un positionnement stratégique, dans un paysage politique fragmenté et en quête de repères.
Dans l’Est de la RDC, la situation humanitaire continue de se détériorer sous l’effet des affrontements entre l’armée congolaise et les groupes armés, notamment le M23. Le retour de Kabila, dans ce climat hautement inflammable, pourrait bien devenir un facteur supplémentaire d’instabilité ou, à l’inverse, une opportunité de dialogue – selon la tournure des prochains jours.
Quoi qu’il en soit, cette réapparition marque un tournant : l’ombre de Joseph Kabila plane à nouveau sur la politique congolaise, avec son lot d’interrogations et de crispations. Le pays, lui, reste suspendu à l’évolution de cette dynamique nouvelle.
Muller Mundeke