À peine la fumée blanche dissipée au-dessus de la chapelle Sixtine, un nuage sombre s’installe sur le début de pontificat de Léon XIV. Élu le 8 mai 2025 après deux jours de conclave, le nouveau pape, premier Américain à accéder au trône de Saint-Pierre, fait déjà l’objet de vives critiques concernant sa gestion passée de dossiers d’abus sexuels.
L’élection du cardinal Robert Francis Prevost, 69 ans, à la tête de l’Église catholique a été saluée dans le monde entier comme un moment historique. Originaire de Chicago, ancien missionnaire au Pérou, le nouveau souverain pontife incarne, pour beaucoup, l’ouverture et l’universalité d’une Église en quête de renouveau. Des chefs d’État comme Barack Obama, Emmanuel Macron ou encore la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum ont salué cette nomination. Mais l’enthousiasme initial est rapidement retombé.
Des zones d’ombre dans le parcours du nouveau pape
Peu après son élection, plusieurs médias internationaux ont exhumé des dossiers sensibles liés à ses anciennes fonctions ecclésiastiques. Deux affaires retiennent particulièrement l’attention.
La première remonte à la période où Robert Prevost était provincial de la province augustinienne Notre-Dame-du-Bon-Conseil à Chicago, entre 1999 et 2001. Il est accusé d’avoir autorisé l’hébergement, dans un prieuré situé à proximité d’une école primaire, d’un prêtre reconnu coupable d’abus sexuels sur mineurs. Ce dernier aurait continué à exercer des fonctions religieuses jusqu’à sa révocation en 2012, malgré le durcissement des règles de l’épiscopat américain. Les critiques estiment que le futur pape a manqué de fermeté ; ses soutiens, eux, assurent qu’il a respecté les procédures canoniques alors en vigueur et qu’il n’avait pas la pleine responsabilité de cette décision.
Des critiques persistantes au Pérou
Autre sujet de controverse : sa gestion de cas d’abus sexuels au Pérou, où il a exercé pendant plus de vingt ans, notamment comme évêque de Chiclayo. Deux prêtres de son diocèse ont été accusés d’abus sur mineurs. Bien que l’évêché affirme que Mgr Prevost a rencontré personnellement les victimes en 2022 et lancé une enquête canonique, plusieurs voix dénoncent un manque de soutien concret aux victimes et une transparence insuffisante.
Ces révélations fragilisent l’image d’un pape censé incarner la continuité des réformes entreprises par son prédécesseur, François, en matière de lutte contre la pédocriminalité dans l’Église. En tant que préfet du Dicastère pour les évêques, Léon XIV avait pourtant été chargé d’appliquer les nouvelles normes de transparence. Mais certains observateurs pointent des incohérences dans sa mise en œuvre de ces mesures.
Un début de pontificat sous tension
Alors que l’Église tente de restaurer la confiance des fidèles et de l’opinion publique après des décennies de scandales, ce début de pontificat s’annonce déjà houleux. Léon XIV, qui n’a pas encore commenté publiquement ces affaires, devra rapidement clarifier sa position et poser des gestes forts pour montrer que l’ère de l’impunité appartient définitivement au passé.
Le défi est de taille : restaurer la crédibilité morale de l’Église tout en guidant plus d’un milliard de catholiques à travers un monde en mutation.
À peine élu, le pape Léon XIV déjà mêlé à un scandale sexuel
