Une soixantaine de militaires présumés des FARDC, une vingtaine de combattants Wazalendo et plusieurs civils suspectés de criminalité ont été présentés ce mardi matin au stade de l’Unité, à Goma, par les services de sécurité du M23. Ces arrestations seraient le fruit d’une série de bouclages musclés menés dans les quartiers de Kilijiwe et Turunga, au nord de la ville.
Les opérations, conduites par des hommes armés identifiés comme appartenant au M23, ont déclenché une vague de réactions au sein de la population locale. De nombreux habitants dénoncent des arrestations arbitraires et expriment un profond sentiment d’insécurité, bien que peu osent témoigner ouvertement, de peur de représailles.
“On ne comprend plus qui est ciblé. Tout jeune est potentiellement suspect”, confie à demi-mot un résident de Kilijiwe, joint par téléphone.
Parmi les personnes interpellées, certaines ont été libérées. Selon des témoins présents au stade de l’Unité, deux militaires âgés ont été autorisés à regagner leurs provinces d’origine. De même, plusieurs mineurs, initialement arrêtés, auraient été séparés du groupe principal et reconduits chez eux.
Autre fait marquant : environ 50 jeunes, qualifiés de « volontaires » par les autorités du M23, auraient manifesté leur volonté de rejoindre les rangs de l’armée de l’AFC/M23. Toutefois, cette affirmation suscite la prudence, voire le scepticisme, chez certains observateurs.
D’après d’autres sources locales, 16 individus présentés comme des criminels présumés figureraient également parmi les personnes interpellées. Par ailleurs, plusieurs groupes arrêtés les jours précédents auraient été discrètement transférés en camions vers le centre militaire de Rumangabo.
Lundi, 182 ressortissants rwandais auraient également été interpellés puis remis au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), en vue de leur rapatriement au Rwanda.
Cette série d’arrestations plonge de nombreuses familles dans l’angoisse. Plusieurs parents s’inquiètent du sort de leurs fils, sans nouvelles depuis les bouclages. Les rares qui acceptent de parler dénoncent des méthodes coercitives et un climat de peur généralisé.
“On ne sait pas s’ils sont partis volontairement ou s’ils ont été forcés. Mais dans tous les cas, personne n’ose poser de questions”, témoigne un habitant de Turunga, contacté sous anonymat.
Avec Radio Okapi
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