RDC-USA : Tshisekedi change de cap, Kinshasa rompt avec les lobbyistes américains

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La Présidence de la République démocratique du Congo a annoncé ce lundi la suspension immédiate, jusqu’à nouvel ordre, de tous les contrats, démarches et propositions de lobbying impliquant des cabinets spécialisés américains. La mesure touche notamment l’accord conclu avec la firme Earhart Turner LLC.

La décision, rendue publique via un communiqué signé par Tina Salama, porte-parole du chef de l’État, intervient dans un contexte de redéfinition des relations bilatérales avec les États-Unis. Le communiqué précise que la RDC entend désormais privilégier des échanges directs avec l’administration américaine, par des canaux officiels et autorisés.

Selon la présidence, cette réorientation diplomatique s’inscrit dans une volonté conjointe de renforcer les partenariats stratégiques entre Kinshasa et Washington.

Cette annonce suit de près la visite à Kinshasa de Massad Boulos, conseiller principal pour l’Afrique du président Donald Trump. Reçu le 3 avril dernier par le président Félix Tshisekedi à la Cité de l’Union africaine, M. Boulos s’est entretenu avec lui sur des enjeux de coopération économique, mais aussi sur la situation sécuritaire préoccupante dans l’est de la RDC.

Parmi les sujets évoqués figure un projet de partenariat sur les minéraux stratégiques, considéré comme prioritaire pour les deux pays. À l’issue de l’audience, M. Boulos a salué la volonté de collaboration et annoncé une entente de principe pour entamer l’élaboration d’un accord.

Il a également souligné l’importance d’un climat d’affaires sain, estimant que les investissements américains – de plusieurs milliards de dollars – devront être synonymes d’emplois, de transfert de compétences et de développement d’infrastructures. Il a toutefois insisté sur un préalable essentiel : aucune prospérité économique ne peut être envisagée sans sécurité.

Sur le plan sécuritaire, M. Boulos a réaffirmé l’engagement des États-Unis à contribuer aux efforts visant à mettre fin au conflit armé dans l’est du pays.

Cependant, l’éventualité d’un partenariat stratégique autour des ressources naturelles suscite des critiques en interne. Pour certains membres de l’opposition, Félix Tshisekedi chercherait avant tout à utiliser ces accords pour consolider son pouvoir, dans un contexte marqué par la persistance de la rébellion du M23, que Kinshasa accuse d’être soutenue par Kigali.

La suspension des démarches de lobbying pourrait ainsi marquer une volonté de resserrer le contrôle sur les canaux d’influence diplomatique et économique, au moment où la RDC cherche à redéfinir sa place dans les relations internationales.

Yvan Muller Mundeke

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