Nouveau dossier à Goma : ils refusent que leur beau-frère soit enterré tant que la dot sur leur sœur n’est pas totalement versée

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Une tragédie familiale s’est doublée d’un conflit coutumier à Goma, où l’inhumation d’un homme a été suspendue par sa belle-famille en raison d’un mariage resté non officialisé.

Un climat de tension a régné ce mardi 1er avril dans le quartier Ndosho, à l’ouest de la ville de Goma, après le décès de Bahati Kazire, un homme de 45 ans décédé des suites d’une longue maladie qu’il combattait depuis plus d’un an.

Alors que les préparatifs pour ses obsèques étaient en cours, un désaccord majeur a éclaté entre sa famille biologique et sa belle-famille. Cette dernière s’est opposée à l’enterrement de Bahati Kazire, exigeant au préalable le paiement de la dot, jamais versée depuis le début de la relation du couple en 2010.

Selon les proches contactés par Lesvolcans.net, Bahati Kazire vivait maritalement avec sa compagne depuis plus d’une décennie. Malgré leur vie commune et la reconnaissance sociale de leur union, la dot, élément central du mariage coutumier congolais, n’avait jamais été officiellement payée. Plusieurs tentatives de régularisation auraient échoué, les fonds étant souvent redirigés vers d’autres priorités familiales.

« Ils ont promis à notre fille qu’ils allaient régulariser la situation. Chaque année, ils repoussaient, toujours avec des excuses. Aujourd’hui, nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était », a confié un membre de la famille de l’épouse du défunt.

À la veille de l’inhumation, la tension est montée d’un cran. La belle-famille a catégoriquement refusé que la cérémonie funéraire ait lieu tant qu’un accord sur la dot n’était pas trouvé. Une scène décrite par plusieurs témoins comme « choquante » et « bouleversante », tant elle a éclipsé la douleur du deuil.

« La veuve elle-même a été contrainte de s’imposer pour tenter de débloquer la situation. Ce fut un moment extrêmement difficile à vivre, autant pour elle que pour les personnes présentes », a témoigné un proche du défunt.

Après d’intenses discussions, les deux familles ont finalement trouvé un terrain d’entente. L’enterrement de Bahati Kazire a pu avoir lieu, tandis qu’il a été convenu que les discussions sur le paiement de la dot se poursuivraient ultérieurement.

Cet incident met en lumière la persistance des enjeux liés aux mariages coutumiers en République Démocratique du Congo, où les obligations traditionnelles peuvent parfois entrer en collision avec les réalités économiques et sociales des familles.

L’affaire relance le débat sur la place de la dot dans les unions, et sur le poids des traditions dans les moments les plus sensibles de la vie familiale. Pour certains, elle reste une institution essentielle de reconnaissance et de respect entre familles. Pour d’autres, elle peut devenir un instrument de pression, même au moment du deuil.

Dans tous les cas, cette tragédie souligne la nécessité pour les couples de clarifier leur statut matrimonial afin d’éviter que les rites funéraires ne soient perturbés par des désaccords non résolus.

Yvan Muller Mundeke depuis Goma

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