Samedi 22 mars 2025, le mouvement Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) a annoncé, dans un communiqué officiel signé par son porte-parole Lawrence Kanyuka, son retrait de Walikale-centre et des environs. Toutefois, la situation sur le terrain semble bien plus complexe et floue que ce que pourrait suggérer cette annonce.
Des informations recueillies auprès de sources locales et de témoins oculaires rapportent que, bien que l’AFC/M23 ait annoncé officiellement quitter la zone, ses combattants seraient toujours présents à Walikale-centre. “Je viens de faire un petit tour dans le centre, ils se réorganisent. Il y a des réunions ici et là, des regroupements, des ventes de nourriture et même de vaches… Ils ont l’air d’avoir du temps, pendant que nous, on parle de cessez-le-feu”, a déclaré un habitant, visiblement perplexe face à la situation.
Les tensions demeurent palpables, bien que l’annonce du retrait ait été accompagnée d’un avertissement clair : tout acte offensif contre leurs positions ou les populations sous leur contrôle entraînera l’annulation immédiate de cette décision.
De leur côté, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ont réagi de manière mesurée. Le porte-parole militaire, le général-major Sylvain Ekenge, a affirmé lors d’une que l’armée congolaise s’abstiendrait de toute offensive contre les positions du M23, tout en appelant les groupes d’autodéfense congolais à adopter une approche similaire pour éviter toute escalade. Cette déclaration a pour objectif de favoriser un climat de désescalade dans la région.
Cependant, des voix s’élèvent pour exprimer des préoccupations quant à la véritable intention du M23. Certains craignent qu’il ne s’agisse là que d’une tactique de manœuvre pour gagner du temps, en vue de poursuivre leur avancée vers d’autres zones stratégiques, notamment dans les provinces voisines de Maniema et de Tsopo. L’incertitude qui règne à Walikale et l’absence de visibilité sur les actions futures du M23 alimentent ces craintes.
Cette situation soulève de nombreuses questions sur la durabilité de la désescalade dans la région. Malgré les annonces officielles, les réorganisations sur le terrain et la persistance des forces rebelles dans certaines zones rendent difficile toute évaluation précise de la situation. Le doute plane, et la vigilance reste de mise pour éviter une nouvelle flambée de violence qui compromettrait les efforts de paix dans l’Est de la RDC.
Patrick Kalume
Nord-Kivu : ambiguïté persistante à Walikale centre après l’annonce du retrait du M23
