La situation dans la région de Walikale Centre, située au cœur du territoire de Walikale, est restée particulièrement tendue ce jeudi 20 mars 2025. Cette nouvelle montée de violence fait suite à la prise de la cité par les éléments du M23-AFC le jour précédent. Des tirs sporadiques ont été entendus dans plusieurs villages aux alentours, provoquant une panique généralisée parmi la population locale.
Les affrontements, qui ont touché plusieurs zones proches de Walikale Centre, ont engendré de nouveaux déplacements massifs de civils.
De nombreuses familles ont pris la fuite, se dirigeant principalement vers des zones jugées un peu sûres telles que Hombo (dans le Sud-Kivu) ou Mubi-Lubutu-Kisangani. Certains habitants ont trouvé refuge à proximité de l’hôpital de Walikale, tandis que d’autres sont restés dans leurs habitations, espérant éviter les combats.
Parallèlement, les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et leurs alliés Wazalendo, ont été contraints de se replier vers Mubi-Lubutu, un axe menant à Kisangani, dans la province voisine de la Tshopo. Ce retrait fait suite à l’intensification des attaques du M23, qui a récemment pris d’assaut des villages clés sur l’axe Masisi-Walikale, tels que Kashebere et Kibati, avant de lancer un assaut final sur Walikale Centre.
La situation a pris une tournure dramatique le 19 mars, lorsqu’un des principaux acteurs humanitaires présents dans la région, Médecins Sans Frontières (MSF), fait état de plusieurs incidents graves. La base de MSF a été touchée par des tirs croisés et des explosions proches, bien que l’organisation précise qu’elle n’avait pas été directement ciblée. “Nous avons pu constater des dommages matériels à nos structures et à nos véhicules”, indique MSF dans un communiqué.
L’organisation humanitaire exprime sa vive inquiétude face à l’intensification des violences dans la région, qui ont conduit à la fuite de nombreux civils.
En dépit d’une relative accalmie observée dans la matinée du 20 mars, les équipes de MSF ont pu se déplacer en ville pour récupérer des blessés et les transporter à l’hôpital général de Walikale, où les équipes médicales poursuivent leurs efforts pour soigner une soixantaine de patients.
MSF appelle à une protection accrue des civils, des infrastructures de santé et des travailleurs humanitaires. “Nous restons préoccupés par la possibilité d’un afflux important de blessés dans les heures et jours à venir”, précise l’organisation. Elle insiste également sur la nécessité d’une protection absolue des civils en temps de conflit, soulignant la vulnérabilité croissante de la population dans cette région du Nord-Kivu.
Cette reprise des combats intervient dans un contexte diplomatique marqué par les récentes discussions entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame.
Lors de leur rencontre à Doha, au Qatar, le 18 mars 2025, les deux dirigeants ont convenu d’un cessez-le-feu global, censé mettre fin aux hostilités sur toutes les lignes de front. Cependant, la situation sur le terrain, notamment à Walikale, semble remettre en question l’efficacité de cet accord, alimentant les tensions et les préoccupations des habitants de la région.
La population de Walikale et les acteurs humanitaires restent dans l’attente d’une issue rapide à cette crise, alors que les violences semblent s’intensifier de jour en jour.
Patrick Kalume